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24 août 1944 / 24 août 2014. Extraits de discours officiels.

L’entrée de la 2e DB dans Paris débute bien le 24 août avec la Nueve qui arrive porte d’Italie :

« Vous êtes arrivés et vous avez fait le parcours, très vite par la Porte d’Italie, vous êtes arrivés sur la place de l’Hôtel de ville. Et les témoignages de l’époque sont très intéressants, les parisiens s’attendaient à trouver des Américains et en fait au pied de l’Hôtel de Ville on parlait espagnol ! Ça a été la fête, vous aviez ouvert la route, les Américains sont arrivés le lendemain, et ça a été une fête immense, même si les combats se sont poursuivis.(…) » Anne Hidalgo, maire de Paris.

« Le 24 août 1944, il y a 70 ans jour pour jour, résonnait le bourdon de Notre-Dame-de-Paris à l’annonce de l’entrée des premiers Français Libres dans la capitale. Ces Français Libres étaient Espagnols. Ils composaient la Nueve, unité de la 2e Division blindée. La plupart s’étaient réfugiés en France dès 1939 pour poursuivre le combat pour la République et pour des valeurs qu’une dictature militaire avait foulées au pied dans leur pays.. (…)«
Le lendemain, le 25 août 1944, Paris retrouvait ses lumières. Les cloches de Buenos Aires, de Santiago et d’ailleurs retentissaient à travers les villes. Leur écho résonnait jusque dans les camps de concentration où la nouvelle, telle une lueur d’espoir, était parvenue aux oreilles de ceux qui l’avaient perdu depuis bien longtemps. La voix de la France se mêlait alors à celle de la Liberté. (…)
Kader Arif, ministre des Anciens Combattants.

Malgré la volonté d’en finir avec l’occupant des résistants parisiens (intra muraux) rien n’aurait été possible sans l’arrivée de cette colonne Dronne aux accents chantant de l’Espagne :

« (…) Le 14 juillet 1944, un mois avant l’insurrection, de 100 à 150 000 personnes décidaient de braver l’interdiction de célébrer la Fête Nationale et manifestaient dans les rues de Paris et de la proche banlieue.
Le 10 août, l’Union des syndicats organisait la grève des cheminots de la Région parisienne. En quelques jours, c’est plus de 50 % des effectifs concernés, de 35 à 40 000 cheminots, qui arrêtèrent de travailler.
Ainsi, le 15, c’est la Préfecture de Police qui était à son tour touchée par un mouvement de grève massivement suivi. (…)
Au moment de l’insurrection parisienne, le 19 août, c’est dans les rues du 13e que les barricades furent parmi les plus nombreuses de la Capitale. (…) Toutefois aussi vaillants, aussi courageux fussent-ils, les insurgés ne pouvaient vaincre seuls.
C’est enfin et surtout par la porte d’Italie que le premier détachement de la 2e DB, la « colonne Dronne », fit son entrée dans Paris.
Mais qui sait que l’unité en question était composée en fait à plus de 90% de républicains, d’anarchistes et d’antifascistes espagnols et qu’elle était surnommée « la Nueve »
Jérôme Coumet maire du 13e

Pourquoi sont-ils arrivés là, pour libérer la capitale d’un pays qui fut si peu accueillant ; leur engagement politique les a guidé :

« Bien sûr, avant de s’engager, ils ont connu les camps de la France, en France mais aussi en Afrique, dans le Sahara. Mais lorsqu’il leur a été donné la possibilité de repartir au combat contre la fascisme et bien ils sont repartis. Et ils se sont retrouvé à a fois avec le capitaine Dronne et avec le général Leclerc, ils se sont retrouvés derrière ces hommes qui avaient cet idéal républicain et qui le portait par dessus tout. Bien sûr tous vous le dites et cher Rafaël vous le dites également, qu’une fois qu’on en aurait fini avec le nazisme, ici et en Europe, on reviendrait en Espagne pour renverser Franco.
« Une mémoire née, comme vous, en terre d’Espagne. Une mémoire née avec une guerre qui a profondément marqué, je le sais, les femmes et les hommes de ma génération (…)
Cette Espagne-là. Celle que nous célébrons aujourd’hui. Celle des républicains espagnols prêts à donner leur vie, près de leurs foyers ou sur des terres plus lointaines, pour combattre le racisme, la haine et le nazisme. Ce combat, ils l’ont mené fièrement, courageusement, jusqu’aux portes de Paris.(…) »
Anne Hidalgo.

« De l’avenue d’Italie où des combattants deviennent des libérateurs à l’Hôtel de Ville en passant par la place Nationale et le pont d’Austerlitz, les pas des soldats de la Nueve ont frayé un chemin de liberté. Un chemin qu’ils avaient commencé à tracer en Espagne. Au sein de la « ville lumières », ils sont de tous les combats et participent notamment à la prise de l’hôtel Meurice, siège du commandement du Grand Paris, et de l’hôtel Majestic, siège de la Gestapo. À l’aube de l’année 1945, les 146 combattants espagnols de la Nueve ne sont plus que 16. 16… Un chiffre qui parle de lui-même, qui nous dit ce qu’a été leur sacrifice.
(…)Défendre la République, ils savaient ce que c’était. Ils le faisaient depuis 1936. Défendre la République, ce ne sont pas que des mots pour ceux qui en avaient fait le combat de leur vie.
» Kader Arif

Il est temps de révéler aux citoyens d’où venaient ces hommes combattants dans les Forces Françaises :

« C’est enfin et surtout par la porte d’Italie que le premier détachement de la 2e DB, la « colonne Dronne », fit son entrée dans Paris.
Mais qui sait que l’unité en question était composée en fait à plus de 90% de républicains, d’anarchistes et d’antifascistes espagnols et qu’elle était surnommée « la Nueve » ?
Qui sait que le premier véhicule à atteindre l’Hôtel de Ville, le soir du 24 août, avait été baptisé « Guadalajara » ?
Qui sait que le premier de ces libérateurs à avoir été reçu par Georges Bidault, le président du Conseil national de la Résistance, s’appelait Amado Granell ? (…)
» Jérôme Coumet

« Les combattants de la Nueve, vous en avez parlé, vous avez dit qui ils étaient. Eh bien c’était des hommes qui avaient cru en l’Espagne républicaine, qui avaient cru dans la république espagnole, ils étaient divers : ils étaient républicains, ils étaient anarchistes, ils étaient socialistes, ils étaient communistes, ils étaient tout simplement des passionnés de démocratie et lorsqu’ils ont eu à affronter les premiers, le fascisme en s’engageant pleinement dans la guerre d’Espagne aux côtés des républicains contre le fascisme et contre le soulèvement de Franco, eh bien ils étaient là. Certains sont arrivés très jeunes en combattant et ils ont combattu, ils ont appris dans toutes ces batailles de la guerre civile espagnole à être ce qu’ils ont été ensuite. C’est vrai que les origines politiques de tous ces hommes faisaient d’eux une armée sans doute très, très difficile à commander. Mais le capitaine Dronne, dans ses mémoires, évoque le courage, le courage incroyable de ces hommes qui n’avaient peur de rien et qui, une fois que la défaite républicaine a été consommée en Espagne, ont décidé de s’engager. » Anne Hidalgo.

Que défendaient ces hommes venus d’une guerre civile en Espagne, et qui menaient une lutte universelle ? :

« Bertrand Delanoe, alors Maire de Paris, souhaitait que l’on parle de ces étrangers qui avaient aidé à la libération de Paris. Des étrangers il y en avait dans la Nueve, il y en avait dans la résistance, par exemple le groupe Manouchian. Il y avait beaucoup d’étrangers qui s’étaient engagés contre le fascisme, qui avaient connu le fascisme dans leur pays d’origine, qui s’étaient battus et qui à la fin des guerres qu’ils avaient menées dans leur propre pays, étaient venu rejoindre ceux qui combattaient les nazis et notamment beaucoup d’entre eux se sont engagés dans la résistance ou aux côtés des armées alliées. Et ce travail, cette recherche a pu être faite et en 2004 pour la première fois lors de la commémoration du 60e anniversaire de la libération de Paris, il a été fait état de la contribution du combat mené par ces étrangers qui ont aidé à libérer Paris. (…) il faut que cette histoire se grave dans nos mémoires, parce que ce que les hommes de la Nueve ont fait, ils l’ont fait en portant des valeurs, valeurs humanistes, républicaines, leur combat c’était la république, c’était les droits et les valeurs universelles, c’est ce qui les a guidé tout au long de ces combats terribles et beaucoup d’entre eux, bien évidemment, ont perdu la vie tout au long de ces combats, ils ont été les premiers exposés. Et aujourd’hui, nous sommes là pour le reconnaître ; pour reconnaître que la libération de Paris a été aussi portée par des femmes et des hommes : les Parisiens bien sûr, les armées alliées bien sûr mais aussi par des femmes et des hommes qui se reconnaissaient dans Paris comme Ville, Terre des valeurs universelles, des valeurs républicaines. Et lorsque vous êtes rentrés dans Paris et que vous êtes arrivés au pied de l’Hôtel de ville, lorsque les cloches ont retenti, elles n’ont pas retenti qu’à Paris, elles ont retenti dans le monde entier, parce que libérer Paris c’était d’une certaine façon, avoir déjà cette victoire tant attendue contre le fascisme, contre le nazisme. (…)» Anne Hidalgo.

« Plus encore que la République, ils défendaient tout ce que le franquisme et le nazisme tentaient de piétiner, à commencer par la dignité humaine. Ils s’appelaient Martin Bernal, Fabregas, Montoya ou encore Moreno… Ils incarnaient l’Espagne libre et belle. (…)En foulant le sol parisien, c’est l’empreinte de tout un pays, l’Espagne, que ces hommes ont inscrite à jamais sur notre terre (…)
Je pense aussi à tous les républicains espagnols qui ont permis cette Libération de la capitale sans pouvoir la vivre. Tous les anonymes de l’Armée des ombres. A travers la Nueve, nous rendons hommage aujourd’hui aux guérilléros des maquis midi-pyrénéens et languedociens mais aussi de la zone Nord dont le chef, José Baron Carreno tomba ici même à Paris le 19 août 1944. Nous rendons hommage à tous les résistants engagés dans les combats de la Libération, des Glières au Vercors (…)
» Kader Arif

Le combat contre le silence et l’oubli :

« J’ai revu, il y a quelques jours, comme beaucoup sans doute, « Paris brûle-t-il ? », le film de René Clément consacré à Libération de Paris, qui par ses multiples diffusions s’impose comme une sorte de récit quasi « officiel » des événements. J’y ai vu Chaban, Rol, Parodi, Pisani, Fabien, Gallois, Leclerc et même Dronne, mais je n’y ai pas vu les combattants espagnols.
Commémorer, c’est se souvenir ; c’est aussi rétablir les faits, revenir sur certains « oublis » de l’histoire, dire ce qui a été et distinguer ceux que le méritent.
Il y a dix ans, pour le 60e anniversaire de la Libération de Paris, la Ville, sous l’impulsion de son Maire, Bertrand Delanoë, a pris l’initiative de rendre hommage à ces soldats espagnols de la 2e DB en posant des plaques sur le parcours suivi par la « colonne Dronne » dans les rues de la Capitale et donc du 13e arrondissement.
» Jérôme Coumet

« L’histoire joue parfois de très mauvais tours, parce que oubliés pendant longtemps dans ces combats et dans votre contribution à la libération de Paris et de la France, parce que vous ne vous êtes pas arrêtés à Paris et pour les derniers d’entre vous, vous avez poursuivi jusqu’au nid d’aigle d’Hitler, il y a eu un deuxième oubli : c’est que ce combat pour la république, pour les valeurs de la démocratie, pour vous il ne s’est pas arrêté là dans votre quête personnelle mais personne n’est venu aidé les républicains espagnols pour faire en sorte que la dictature de Franco ne dure pas les 40 ans qu’elle a duré, personne n’est venu porter secours ou répondre à cela, personne ! Il aura fallu attendre 40 ans et le décès du dictateur, de sa mort naturelle pour que la démocratie revive aussi en Espagne. Mais pendant ces années, vous n’êtes pas non plus restés inactifs. Vous avez œuvré, un certain nombre d’entre vous sont repartis dans la clandestinité, ont continué à combattre, ont continué à soutenir le retour de la démocratie en Espagne, mais l’histoire là aussi avait joué un mauvais tour.(…) » Anne Hidalgo.

« Tous ont marqué l’histoire de notre pays par leur courage, leur esprit de sacrifice, leur audace, leurs valeurs. Par-dessus tout, ils l’ont marqué au sceau de la solidarité et de la fraternité des peuples. Oui, la Libération de Paris est un grand élan fraternel. À côté de ces Républicains espagnols se trouvaient les 16 000 soldats de la 2e Division blindée mais aussi les insurgés Parisiens et les Forces Françaises de l’Intérieur. (…) »Kader Arif

Réunis ce dimanche pour faire entrer les Hommes de la Nueve non seulement dans Paris mais dans l’Histoire :

« Car lorsque vous avez libéré Paris, et que vous avez défendu l’Hôtel de Ville, c’était un contexte où les parisiens étaient impatients de recouvrer leur Liberté. Mais de cette époque on retrouve aujourd’hui les ingrédients que l’on connaît : la crise sociale, la crise identitaire et la crise économique.(…) Alors, apprenons votre leçon celle du courage, celle de la liberté sans compromis et l’audace héroïque qui sont des mots, à mes yeux aujourd’hui, très modernes. » Christophe Girard.

« Cet espoir que vous avez porté, cette force qui est la vôtre, cette force, cette croyance que vous avez eu dans la démocratie, dans la république, dans les valeurs universelles qui nous unissent ; eh bien c’est la plus belle victoire contre tous les fascismes, contre tous les despotes quels qu’ils soient même s’ils sont morts de mort naturelle.
Cher Rafaël, cher Luis Royo, à tous les combattants de la Nueve, je voudrais vous dire : Vive les combattants de la Nueve, Vive la république, Vive Paris, Merci de nous avoir permis d’être debout, de regarder droit devant nous et de prendre en héritage cette force qui est la vôtre, de la porter. Nous la portons nous aussi avec fierté et avec l’humilité qui est la vôtre, Merci Rafaël, Merci aux hommes de la Nueve
Anne Hidalgo.

« Ce sont aujourd’hui des noms que l’on découvre et redécouvre au fil des rues parisiennes : le général Leclerc ; le colonel Rol-Tanguy ; Alexandre Parodi, dont le souvenir vit au 35 avenue de Ségur ou encore le capitaine Dronne dont une allée du 15e arrondissement porte le nom. (…)
Oui, la France exprime sa reconnaissance aux grands noms inscrits à jamais dans l’Histoire et aux anonymes que le destin de la France a jetés côte à côte dans les rues de la capitale. Aux résistants, insurgés, combattants des armées de l’ombre et combattants des Forces françaises libres, soldats des troupes coloniales, alliés américains et britanniques, Italiens et Allemands antifascistes et bien sûr aux républicains espagnols. Ceux que l’Histoire a trop longtemps oubliés.
Messieurs, anciens de la Nueve, guérilléros, résistants, le 24 août 1944, vous aussi avez rendu sa voix à Paris. Une voix qu’elle avait fait entendre en 1789, en 1830, en 1848, en 1871 aussi. Une voix qui se fait entendre encore aujourd’hui par-delà les frontières pour condamner les injustices et pour appeler à la paix entre les peuples. Puisse cette voix être portée par les jeunes générations appelées à mener les combats d’aujourd’hui et de demain : ceux pour la justice, la liberté, la paix et le respect des Droits de l’Homme. Rien n’est jamais acquis. Quiconque menace les valeurs de la République doit pouvoir trouver la République et ses défendeurs sur son chemin. Les combattants espagnols en sont le plus beau témoignage.
» Kader Arif

« Parmi ceux qui luttèrent héroïquement contre l’oppression et la barbarie nazie, et ce souvent jusqu’au sacrifice ultime, figurent au premier rang les hommes de « la Nueve ». Jérôme Coumet